mercredi 20 janvier 2010

Lecture



"... Maintenant comme alors, je pense que le seul enjeu, pour un être vivant, est de ne pas lâcher prise. La vie est une branche fragile suspendue au-dessus d'un abîme. Je m'y cramponne tant que j'en ai la force. Puis je tombe, comme les autres, et je ne sais pas ce qui m'attend. Y a-t-il quelqu'un en bas pour me recevoir ? Ou n'est ce qu'une froide et dure nuit qui se précipite à ma rencontre ?..."

"...Des promesses, a-t-elle dit, on en reçoit tant. On s'en fait à soi-même. Les autres nous en font. On a les politiciens qui nous parlent d'une vie meilleure pour les vieux, d'un hôpital où personne n'aura plus d'escarres; on a les banquiers qui nous promettent des intérêts plus élevés, les produits qui nous promettent qu'on va perdre du poids, les crèmes qui nous promettent une vieillesse avec moins de rides. Vivre, au fait, ce n'est jamais qu'avancer dans son petit bateau au milieu d'un flot de promesses variées à l'infini. Quelles sont celles dont on se souvient ?
On oublie celles qu'on voudrait se rappeler et on se souvient de celles qu'on préférerait oublier pour toujours. Les promesses trahies sont comme des ombres qui dansent autour de toi au crépuscule. Plus je vieillis plus je les vois. La plus belle promesse de ma vie, c'est celle que tu m'as faite quand tu m'as dit que tu m'emmènerais jusqu'à ce lac dans la forêt. Alors je veux le voir de mes yeux et rêver que je m'y baigne avant qu'il ne soit trop tard..."

Henning Mankell
Les chaussures italiennes
(Roman- Seuil)

2 commentaires:

Bifane a dit…

Les promesses meurent par noyade, le plus souvent... sous les larmes du regret...
J'aime beaucoup Mankell, j'en ai dévoré quelques uns à la suite. J'attends de récupérer mes livres, s'ils sont récupérables, pour me payer le plaisir d'y replonger...

Estourelle a dit…

Je te le souhaite du fond du coeur
Qu'il reste au moins les livres pour nous tenir à flot!!!!!!