mardi 21 mai 2013

Bulle 8



                  "...Le devin avait vu juste: l'embellie entre "A" et "B" devint tenace. Dans quelques mois, la naissance de petits "Abétiens" allait conforter cette tendance. Toutefois, le plus beau ciel bleu peut engendrer quelques nuages !

_ Pourquoi, dirent les Atiens, le petit roi ne tient-il pas résidence chez nous ?
_N'est-ce pas sur "B" qu'il a été parachuté, répondirent les Bétiens ,
_Oui, mais nous l'avons vu les premiers passer au dessus de notre cité !

( Toute analogie à une fable bien connue serait bien entendu, pure coïncidence!)

             Cet état d'esprit risquait de provoquer une querelle car Atiens et Bétiens, on peut s'en douter ne brillaient pas dans l'art des compromis. Aucun édile des deux cités n'aurait envisagé que Rémi séjournât alternativement en  "A" et en "B" !

              Alors le petit roi, conscient de ses responsabilités décida de s'enfuir, à la faveur de la nuit ne laissant bien en évidence qu'un message écrit. 

La lettre disait ceci:

"Atiens et Bétiens : il vous est bon que je disparaisse. Venu du ciel, je n'appartiens ni à "A" ni à "B". Mon souvenir fera mieux que ma présence pour entretenir vos bonnes relation. Adieu!

              Rémi ne se rappelle pas comment il est revenu chez lui, auprès de ses parents. A-t-il effectué le voyage en fraude dans un train de marchandise, en compagnie d'un vieux clochard ivrogne ? Est-il monté clandestinement sur un camion, embusqué derrière des cageots de haricots verts ?

Mais le voilà dans sa chambre, dans son lit, en convalescence d'une grippe, au dire de sa maman, qui ajoute:

_Ta fièvre et ton délire nous ont beaucoup inquiétés, ton père et moi, mais maintenant l'alerte est passée; demain tu pourras te lever.


          Le jour suivant, Rémi, malgré ses jambes de flanelle est allé se promener au bord de la falaise. Vers la crevasse, plus de tube de carton ni de pieu, mais l'enfant remarque une longue corde dont un bout descend dans la faille..."

                                                             .    .     .   .
                                                                      .

Fin de la nouvelle de André Ebrard : Bulle

2 commentaires:

Laura- Solange a dit…

Bravo pour les bulles!

Anonyme a dit…

Quelle histoire! N'y a-t-il pas une autre bulle et un autre enfant roi pour I et P ?