jeudi 19 février 2015

Roseau pensant



Tout s'obscurcit
la pensée s'éloigne au fond d'un abîme
il faudrait se recentrer
retenir les mots
les sortir de cet enfer de brume 
qui noie tout dans une même parole

Revenir vers la finesse 
d'une pensée colorée nuancée 
fragile roseau pensant 
fragile réflexion en mouvement
jamais figée 

Trouver l'essence
d'un juste raisonnement 
à travers slogans  conformes
dégager son être "je"
d'une gangue boueuse d'eau stagnante 
où l'on s'enfonce peu à peu

D'un roseau à un autre
qu'à-t-on appris
sur un chemin 
de cinquante années

Quelle pensée a-t-on forgée 
dans ces morceaux
de réponses éparses
éparpillés qui laissent
tant d'abîmes d'incertitudes de doutes 
tant de livres d'écrits d'idées 
de combats pour ses idées 
de luttes fratricides 
pour des croyances incertaines 
cela me procure
un vertige un désarroi
un désespoir





"L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. 
Roseau pensant. — Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai pas davantage en possédant des terres : par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit comme un point ; par la pensée, je le comprends."


Pascal Pensée 347

3 commentaires:

Patrick Lucas a dit…

pétri de certitudes
autant que de doutes
l'homme est un roseau
qui peut pencher
à contre courant
résister et mourir
seul en ayant partagé
il n'a de cesse
de refaire le monde
avec des mots
ou avec des bombes

Bifane a dit…

Je partage ce sentiment de doute et d'égarement, son étendue dont on ignore jusqu'où elle va, tant on la découvre et la redécouvre sans cesse...
Je me demande quelquefois s'il en ressortira un jour quelque chose comme une sagesse, ou une douceur d'âme, ou que sais-je, quelque chose de positif ?
Une chose m'effraye dans cet état : l'idée de mourir dégoûté de tout. J'ai l'impression que ce serait comme avoir tout gâché.

estourelle a dit…

le doute est salvateur et la lucidité n'est pas le dégoût. Aller vers plus de conscience à l'aide de la pensée est une espérance qui taille son chemin dans les ronces du désespoir...??