mardi 31 juillet 2018

Laisser naître





Se découvrir sans se saisir, se rencontrer sans se posséder et enfin apaiser, croiser son reflet. " Ne pas savoir où l'on va , accepter de s'en remettre à ce qui naît, accepter de se débarrasser de soi-même pour obéir à ce qui naît et le suivre dans sa fragilité." Une belle consigne de François Bon pour les ateliers d'écriture d'été. "S'extirper de soi-même, trouver une distance où l'écriture prend forme* ." Depuis quelques temps je n'écris plus, même pas de poésie. Est-ce cette impossibilité à prendre de la distance avec le vécu?  Je me sens traversée par mille flèches du réel et ne peux écrire cette douleur. J'ai fermé les portes et les volets. Les rouvrirai-je un jour ? cela est incertain et au fond qu'est ce que cela peut faire! Si on laissait ce fleuve intérieur rompre les digues que l'on a soi-même construites cela ferait un flot tellement violent qu'il dévasterait tout! Je ne sais trouver les mots qui canaliseraient ce flot. j'écris entre les murs et ce n'est qu'un murmure, telles ces recluses du temps jadis. La soif de partage étouffe la quête de poésie. Les mots deviennent ternes, inertes. Je me sens lasse et découragée. Accablée par ma désespérance, desséchée par le vent brûlant de l'été. Fatigue passagère ou vaine poursuite d'un vent éphémère qui transforme tout en poussière et assèche l'âme ? Est-ce  vanité ou restes de blessures narcissiques. J'ai si souvent désiré vous tendre la main à travers les pierres sèches et les cymbalaires de murailles. Il aurait fallu un lieu à soi que je n'ai pas su me donner. J'ai renoncé, renoncé.




François Bon




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