vendredi 17 décembre 2021

Lire

 


Lorsqu’on lui demande d’ailleurs s’il a conscience de son œuvre en train se bâtir, Pascal Quignard est clair : il ne peut répondre à cette question ; œuvre, opus, ouvrage, ça ne colle pas ; plutôt un chaos (Pautrot, 2003). Assurément, il est erroné d’envisager pouvoir tirer ou mieux, extraire de telle ou telle œuvre un sens (nous n’aurions pas cette faiblesse là), et encore moins une structure. Tout au plus peut-on espérer désigner des couloirs de progression, des cheminements voire des errances longuement bâties, ouvrir des fenêtres sur des espaces de lecture au sein desquels, peut-être, pourrait clignoter ou respirer une parole. Il s’agit de lire, c’est-à-dire se mettre soi-même à l’écoute du texte, de l’écrit, se mettre à sa hauteur et bien vouloir « travailler » avec lui, travail lent et laborieux, et dans les soubresauts duquel, qu’on peut nommer friction, peut résonner un échange. Lire, se mettre à l’écoute du texte, je sens bien que ces mots sont aussi trop faibles, et si peu concernés. Ne vaudrait il pas mieux l’exprimer ainsi : écrire plutôt le lu ? Il me semble qu’ainsi c’est déjà mieux.

Benoit Vincent - La revenant- Pascal QuignardPublie.net 2020






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