(La mer sans une tâche, songea Lily Briscoe toujours debout à regarder de l'autre coté de la baie. La mer est tendue comme de la soie en travers de la baie. L'éloignement avait un pouvoir extraordinaire; elle eut l'impression qu'ils s'y étaient engloutis, qu'ils avaient disparu à jamais, qu'ils s'étaient intégrés à la nature des choses. Ce calme cette tranquillité…* )
Accoster encore - Le brouillard s'est levé - Le paysage revient - Les couleurs émergent - Accoster encore vers une vision plus nette - Vers un reste de lumière - Un reste de souvenir - S'arrimer au présent par les mots - La trace que laisse la main sur la feuille - la main qui court inlassable de gauche à droite - Très difficile l'écriture de droite à gauche - une remontée vers les origines - Aller à droite c'est fuir toujours plus loin - un horizon qui se dérobe - L'île est perdue à jamais -
1966, vers l'île en barque, l'aventure de deux enfants éblouis, encore sidérés que la nature ait répondu à leur prière...Que la mer soit d'huile, parfaitement calme, ce qui avait pu décider leur mère à accepter qu'ils partent sur une simple barque à moteur avec deux personnes, pas inconnues mais pas intimes non plus. Que cela soit arrivé tenait du miracle et cela leur avait fait croire qu'ils pouvaient par leur pensées influer sur le cours des choses et même infléchir leur mère et ça c'était extraordinaire.
*2006, ça y est me voilà de retour sur l'île. C'était une promesse d'enfant, revenir un jour sur l'île seule et y rester; plus que quelques heures plus qu'un jour. Y vivre au rythme nonchalant de ses envies, goûter la lumière changeante de tous les instants qui passent, vivre un temps tout proche de l'océan, respirer avec elle. Ma tente est sur les remparts au bord d'un petit bois. Je vois l'océan quand je me lève, quand je prends mon café; le soir je m'endors au rythme des vagues. J'ai campé là pendant six jours au fort de la rade, avec très peu de matériel, puisque le voyage se fit en bateau, en car, en train. Pendant six jours l'île fut à moi seule. *J'ai marché dans cette île toute une vie.
* un jour lointain
tu as fumé
près du phare
aujourd'hui
tu es passée ici
en rêvant
la mer a englouti
les souvenirs
il reste un peu
de fumée bleue
une brume
qui se dissipe
lentement
et l'ombre du phare
au soleil couchant
* Virginia Woolf : vers le phare
* extrait du journal de bord de 2006
* poème écrit sur l'île en 2006
* Claude Estéban

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