Virginia puis-je vous dire que j'aime bien votre prénom, il est doux à entendre, à prononcer, il coule comme une douce rivière au creux d'un bois, près d'un vallon d'herbe tendre, un jour de printemps, avec les fleurs juste écloses éclairant ce tableau de lumière. Certe votre vie fut loin d'être paisible, ni votre fin de vie. Elle s'acheva aussi dans une rivière où votre corps coula comme une pierre. Mais c'est votre prénom auquel je m'accroche, qui me parle de vie, de mystère et que l'on sent dans vos mots, dans vos rêves, vos visions. Votre regard tout en s'abreuvant des milles choses de la vie, objets, paysages, était aussi un regard intérieur. Ce n'est pas très difficile de vous suivre quand on aime ce regard intérieur, quand on le vit aussi. Le plus difficile étant de communiquer son "intérieur", "sa chambre à soi" à autrui, on le fait mal, on se blesse aux arrêtes vives des pierres où chacun s'emmure. On en arrive surement au désespoir. Votre monde n'était pas si différent du nôtre, il est toujours empli, d'incompréhension, d'absurdité, d'impuissance, de désir de puissance. Il galope ce monde vers son achèvement nous le regardons hébété, nous distrayant encore avec les gadjets qu'il fabrique. Nous pleurons à l'intéreur; personne ne nous voit pleurer. Votre écriture était-elle cela, l'espoir de l'enfance, si vite piétiné, sacrifié. Vers où allons-nous? Si vous étiez en vie aujourd'hui, seriez vous plus rassurée qu'alors. Je ne le pense pas. Votre désir de vérité, de pureté, de beauté, de poésie se ressent dans vos écrits, dans vos personnages; vos mots nous disent juste cela, rester lucide et continuer de chercher du sens jusqu'au bout, traduire ce que l'on voit, dans des formes écrites ou peintes, ce que l'on voit, ce que l'on entend, ce que l'on sent, en faire un bouquet puis l'offrir au vent; se dire que devant vos textes on est pauvre, et qu'on aura ce regret de ne pas vous avoir connu, ce regret que personne n'ait pu vous sauver. Cependant la connaissance est toujours à faire, dans vos livres où l'on vous trouve. C'est cela votre héritage, des bouquets de mots qui s'envolent au vent, je vous en remercie.

1 commentaire:
Oh si contente de lire cette missive à Virginia...
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