«On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve» disait Héraclite philosophe grec en 540 avant Jésus-Christ.
Le fleuve de vie. Depuis le premier jour, ce fleuve nous pénètre et nous entrons en lui ou en elle, la vie. Elle nous marque de son courant, que nous transformons de notre empreinte. Nous dérivons, nageons, nous nous mélangeons à ses eaux, son flot tumultueux, pour former toujours plus de vie en devenir.
« Il y a un temps tellement inconnu au fond de nous qu’il est intrahissable, intraduisible. Ce qui s’est perdu éperdument rayonne encore. Ce qui est neuf le demeure toujours… Derrière l’écume de la vague, le mouvement qui la roule, le mouvement qui l’élance est la chose la plus mouvante, la plus pressante, la plus ancienne, c’est le neuf. Dans tous les jaillissements, il n’y a qu’un seul jaillissement. Celui de la source. L’épiphanie du jadis qui revient sans cesse nous hanter, nous propulser. » Dit Pascal Quignard
L’enfance, l’adolescence, l’âge adulte, la vieillesse. Quand s’arrête un âge, quand commence un autre. Invention social ? Comment décoller l’homme du passé, de l’hérédité, de l’emprise sociale. Comment déchaîner la chaîne? Par la formule magique «Il était une fois»:
Il était une fois, une femme d’origine allemande qui à l’âge de 90 ans dit à sa fille: « je crois que j’ai atteint maintenant la Vie et Yes ». Elle prononçait phonétique ment avec son accent, mais un peu de malice frisait son iris bleu d’un clin d’œil malicieux, elle était contente de son jeu de mot ! Pour sa fille ce fut magique. Cela résonnait aussi : Vie et Yes - Vie et Oui ! Qu’importe les périodes, les âges, les étiquettes, les nominations, un seul fleuve coule en nous. On y adhère, on y consent, on est emporté!
VIE Et YES, l’adhésion à la vie depuis le tout début, le oui au fleuve de vie, ce qui circule depuis l’origine, jusqu’à aujourd’hui. Malgré les barrages, les éboulements, la vie se fraie un passage, elle nous étonne, nous éblouie, nous bouleverse, nous chamboule depuis le commencement et tous les jours. / Elle a besoin qu’on ouvre les portes, les fenêtres, les vannes. Elle va où elle veut. Elle a aussi parfois besoin qu’on la retienne avec juste quelques pierres, un peu de sable, un peu de mousse, des roseaux chantant dans le vent!
C’est elle qui fait notre nom. Notre nom est un nom courant qui court, qui se transforme avec le courant du fleuve, / notre histoire n’est pas figée, elle va, elle vit, elle tremble, pleure, rit, crie, parle. / C’est cette source, ce fleuve, cette océan qui nous fait : qui nous fait rêveur, poète, musicien, père, mère, grand-père, grand-mère. Nous devenons le lecteur, le jongleur, l’inventeur, le bricoleur, le couvreur, le jardinier, le cuisinier, le prof, le dessinateur, le clown, le peintre, l’inventeur d’histoires, le conteur, tant d’autres choses encore! Avec notre prénom qui précède le nom et ses mystérieuses résonances en nous, ses consonnes, ses voyelles dansantes! Avec le rire qui caracole furioso dans le tumulte des vagues! furioso
On devient son nom tous les jours !! Yes et Yes!!! encore de la Vie et Yes !!!
Chaque jour est une naissance.
Dominique-Estourelle
Inspiré par le livre de Pascal Quignard : « Sur le jadis »
et le témoignage de la maman d’Hélène Cixous (écrivaine)
1 commentaire:
empreinte après empreinte
chaque jour est une naissance
oui
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