dimanche 28 juillet 2024

Pasolini




« Pourquoi est-ce que je ne réagis pas,


pourquoi est-ce que je ne tremble pas,


de joie, ou jouir de quelque pure angoisse ?


Pourquoi est-ce que je ne sais pas reconnaître


cet antique nœud de ma propre existence ?


Je le sais : parce qu’en moi est désormais enclos


le démon de la rage ».


"La rage serait donc un démon qui se loge en nous et ne nous lâche plus. C’est le démon en nous de tout ce qui nous emprisonne et nous détruit alentour, je veux dire depuis le monde historique et politique qui détermine si lourdement nos destins collectifs et individuels. Comme si l’histoire, avec cette impossibilité de l’innocence qui en accompagne toute conscience au grand malheur de Pasolini, « remplissait [son] cœur de pus » (mi riempie il cuore di pus), justement parce qu’elle l’empêche d’être poétiquement le « maître de [son] temps » (non sono più padrone del moi tempo). La rime conflictuelle « cœur-fureur » (cuore-furore) prendra désormais la même place que la rime « rose-rage » (rosa-rabbia), le poème se terminant sur le constat d’une intranquillité assumée : « Je n’aurai plus de paix, jamais » (non avrò pace, mai). Se pourrait-il alors que la rage témoigne, en chacun de nous, d’une mise en échec du voir poétique devant l’histoire des sociétés humaines ?"

Poème de Pasolini et un extrait du livre de Georgio Didi Huberman "Sentir le Grisou" édition de minuit

à propos du film de Pasolini : La rabbia (1963)








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