Quand nous n’aurons plus notre bel habit d’enfance
Quand les bois de Noël seront cendre un peu plus
Quand toutes les beautés qui furent insouciance
Seront de noir vêtues sur les tables du souvenir,
Nous verrons tout ensemble cassés
Et le dos du paysan et le pas des chevaux
Nous irons tous ensemble larguer
Nos trois sous de mémoire au cimetière des bateaux.
Quand nous n’aurons plus le sel des eaux de Guérande
Quand la barque sénane ira déroutée pour un temps
Quand la pluie des montagnes sera jus de prébende
Quand l’île sera folle, la terre dans le vent
Nous verrons tout ensemble mêlés
Nos trois sous de mémoire, le répons d’un écho
Nous irons tous ensemble guetter
La dernière lueur sous les ruines du hameau.
Quand nous n’aurons plus notre folie coutumière
Pour déjouer la loi et le joug du puissant
Quand nous dirons l’histoire couchés sous la bannière
De qui brûle au soleil les vergers d’Occident,
Nous verrons tout ensemble faner
Nos dernières splendeurs, nos fleurs de libertés
Nous irons tous ensemble mendier
Notre droit de vivre sous le porche des cités.
Puis nous garderons notre bel habit d’enfance
Car les vents de demain sont de gel et du Nord
Les chants de la terre iront tramés de souffrance
Si nous prenons l’habit, la tunique des morts.
Tous nos bras sont tendus vers un ciel
Où tout l’or et le bleu sont de sable et d’argent
Notre gloire fut mise au sommeil
Nous irons la chercher pour un autre printemps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire